Grand Prix INFO 2023 : Interview avec Charles-Henry Frizon, producteur exécutif de L’affaire Maks Levin
À quelques jours de la fin de l’appel à films, nous poursuivons notre série de rencontres avec les lauréats des Deauville Green Awards de l'année précédente ! Aujourd'hui, nous mettons en lumière Charles-Henry Frizon, le producteur exécutif du Grand Prix INFO 2023 pour L’affaire Maks Levin.
Introduction
Après avoir quitté l’agence de presse parisienne CAPA, Charles-Henry Frizon a fondé Bottoms Up en 2020, avec son associée Élise Desmars-Castillo. Leur objectif était de créer une agence ouverte à la créativité, à l'art, au patrimoine et au journalisme. Bottoms Up, qui se veut à la fois maison de production, studio de création et agence éditoriale, crée du contenu dans des domaines variés.
De la création graphique et print à la production audiovisuelle, l'entreprise collabore avec des organisations telles que Reporters sans Frontières, Amnesty International, Ensemble contre la peine de mort, la Réunion des musées nationaux, l'Institut National des Métiers d’Art et des Fondations d’entreprise pour produire des contenus engagés entre autres sur l'éducation, la culture et les enjeux sociétaux.
L’affaire Maks Levin
Produit par Reporters sans Frontières et réalisé par Arnaud Froger et Robin Grassi, ce documentaire court retrace l'enquête menée par le pôle investigation de Reporters sans Frontières sur le meurtre de Maks Levin, un journaliste ukrainien retrouvé mort dans une forêt au nord de Kiev, alors occupée par les forces russes. L’affaire Maks Levin se situe à mi-chemin entre l'enquête et le portrait.
Qui était Maks Levin ?
Maks Levin, sous son nom complet Maksym Ievhenovytch Levine, était un photojournaliste, photographe documentaire et vidéaste ukrainien. Il a été assassiné le 13 mars 2022, quelques semaines après le début de l'invasion russe en Ukraine. Selon une enquête menée par Reporters sans Frontières, il aurait été exécuté par les forces russes. Maks Levin a travaillé comme fixeur avec son ami Patrick Chauvel, photojournaliste de guerre pendant l'invasion. Le rôle des fixeurs, souvent méconnu mais crucial, est d'accompagner et d’aider des journalistes étrangers sur le terrain. Ils facilitent l'accès aux zones dangereuses et aux sources locales, permettant ainsi la production et la diffusion d'informations internationales.
La naissance du projet
Lors du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre, dont Reporters sans Frontières est partenaire et dont Bottoms Up accompagne la production, l’agence a été approchée pour construire un récit autour du meurtre de Maks Levin et pour documenter l'enquête initiée par Patrick Chauvel.
Un film court avec un message fort
La guerre dure déjà depuis plusieurs mois, lorsque le tournage débute. Charles-Henry Frizon souligne l'importance de « raconter les choses au plus près ». La brièveté et la simplicité du film permettent de se concentrer sur l'essentiel de l'information. Le montage épuré de Caroline Darroquy, monteuse et documentariste, plonge les spectateurs au cœur de l'enquête, tandis que les témoignages des proches de Maks Levin confèrent au film une dimension humaine, en rendant hommage non seulement à Maks, mais aussi à tous les journalistes de guerre tués au cours de ce conflit.
Mettre en lumière le journalisme
Il existe trop peu de documentaires sur le métier de journaliste et leur travail sur le terrain. Selon le producteur, il s’agit d’une « pudeur, les journalistes préférant raconter l’histoire des autres plutôt que la leur. »
L’assassinat de Maks Levin exigeait justice. Mais le film est aussi un hommage, non seulement à lui, mais aussi à toute la profession.
L’impact du film
« En tant qu’ Européen, la guerre en Ukraine est certainement l’événement le plus important de notre histoire depuis la seconde guerre mondiale. » L'impact véritable du film, selon Charles-Henry Frizon, c’est de montrer, comme le dit Patrick Chauvel, que « C'est pas parce que vous êtes seuls dans une forêt avec trois soldats et que vous vous croyez anonyme parce que vous flinguez un journaliste sans témoins, qu'on va pas vous retrouver.” Aujourd'hui, l'enquête est toujours en cours. »
Le film a été largement diffusé, notamment sur Arte et sur la chaîne publique ukrainienne, ce qui a pu lui offrir une plus grande visibilité.
« Les Deauville Green Awards, festival très ouvert où l’on fait de belles rencontres »
Lorsque l’on demande à Charles-Henry Frizon ce qu’il a pensé du festival, il nous répond :
« C’est un festival assez intéressant, parce que c’est un festival qui est ouvert. C’est ouvert à la publicité, au corporate, aux ONG, aux reportages. Il y a beaucoup de catégories donc c’est aussi quelque chose qui est agréable, parce que mine de rien, on arrive à se trouver une place.
Ce que j’ai préféré lors de ma venue aux Deauville Green Awards, c'était de rencontrer de nouvelles personnes. C’est vraiment l’occasion de pouvoir agrandir son réseau professionnel. Les graphistes de l’agence Yotta, qui ont travaillé sur les séquences en animation 3D de L’affaire Maks Levin, je les ai rencontrés lors d’une édition du festival ! »
Et l’équipe est repartie avec un trophée !
« On aime beaucoup le film et on croyait à ce projet, puisqu’il s’agit d’une histoire nécessaire. L’agence n’avait que deux ans lorsque nous avons remporté ce prix, ce qui nous permet de croire en nos projets et d’avoir confiance en ce que l’on fait ! »
L’équipe du festival a particulièrement été touchée par ce film. Nous attendons donc avec impatience les nouvelles créations que Bottoms Up présentera lors de cette 13ème édition !